PYRENEES

extrait de : "Solitudes"

Plus haut, plus loin, enfin le vide, le silence.

Des chemins, des sentiers, des routes retenues ;

Des paysages lents, des pays inconnus,

Solitudes, rochers et glaciers, fin de France.

Ici, couple royal d'aigles majestueux

Bercés face à l'exil qui gèle notre pas

Tournoyant sur les gouffres sombres du trépas,

Confondus au néant, astre capricieux.

Roc mouillé, feu d'orage et de mélancolie,

Brûlé au froid brutal par les nuits douloureuses,

Façonné de nouveaux rivages, quand, poudreuse,

La neige refleurit ton visage poli.

Mon pas s'arrête ici, regard cicatriciel ;

Le versant espagnol étage ses abîmes ;

La cime épouse en blanc encore une autre cime ;

Des lacs bleus prisonniers apprivoisent le ciel.